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vii
préface.

Dans la traduction elle-même, notre nouvelle édition a subi peu de changements : quelques passages ont été rendus plus clairs, des inexactitudes de détail que la faiblesse humaine avait laissé s’introduire ont été corrigées ; des mots semblables ou des passages correspondants ont été rendus uniformes là où ils l’étaient dans le grec. Ce travail de détail et de critique a été grand et n’offrait pas à notre âme le même aliment que la traduction elle-même, qui nous amenait plus près de Dieu ; nous y avons néanmoins apporté tous nos soins, espérant que le lecteur chrétien en recueillera le fruit dans une plus grande exactitude de l’édition nouvelle.

Nous avons à fournir maintenant quelques explications sur des points de détail. Et d’abord, il pourra paraître singulier que, sauf ce qui dépend de la ponctuation, nous ayons exclu les majuscules initiales dans tous les cas où il ne s’agit pas d’un nom propre comme tel. Ainsi nous avons écrit : notre dieu, notre père, le fils, la parole, l’esprit…

Nous désirons que nos lecteurs comprennent bien le motif qui nous a engagés à imprimer ces mots d’une manière qui ne nous plaît guère à nous-mêmes et qui sera peut-être une occasion de surprise pour eux : nous avons pris ce parti pour parer à un inconvénient qui nous a paru encore plus grand. En parlant de l’esprit, on trouve plus d’un passage où l’état de l’âme et l’Esprit de Dieu sont tellement unis et mêlés ensemble qu’il aurait été hasardé ou même impossible de décider entre un petit e et une majuscule. Or si nous avions mis un petit e au mot esprit, et un grand D au mot Dieu, le résultat aurait été des plus fâcheux, et, en apparence au moins, une dénégation de la divinité du Saint-Esprit. Nous n’avions pas d’autre ressource que de suivre l’exemple du grec, et de ne mettre des majuscules qu’aux noms propres ; ainsi, quand Dieu est nom propre, il a une majuscule ; lorsqu’il est appellatif, il a un d minuscule. Nous avons suivi la même règle quant au mot Christ, qui peut être nom propre, ou avoir le sens de « oint ». Ce système d’orthographe nous a été désagréable, nous le répétons, mais il maintient le fond de la vérité, ce qui eût été impossible en en suivant un autre. Pour les lecteurs qui ont l’habitude du grec, cette habitude même ôte tout scandale. Les passages Rom. VIII, 45, et Jean IV, 24 (et il y en a beaucoup d’autres) suffiraient pour faire comprendre la difficulté ; dans ces deux passages, en effet, faire la différence entre Esprit avec un grand E et esprit avec un petit e et ensuite mettre l’un ou l’autre, eût en tout cas faussé le sens.

C’est à dessein que nous avons écrit quelquefois Christ, et d’autrefois le christ, c’est-à-dire l’oint, le messie. Un examen attentif de la Parole fera voir que, dans les évangiles, le mot christ est presque toujours précédé de l’article, et exprime généralement ce qu’un Juif eût appelé « le messie » ; dans les épîtres, au contraire, l’emploi de l’article est rare et, dans la plupart des cas, peut dépendre simplement des exigences grammaticales de la langue grecque, n’étant pas au mot Christ le caractère de nom propre. Dans ce dernier cas, le français rejette l’article et il s’agit alors, pour le traducteur, de porter un jugement sur l’intention de l’écrivain sacré : nous ne pouvons pas affirmer que nous ayons toujours réussi à la discerner ; mais, dans le plus grand nombre des passages, le lecteur saura distinguer l’office, du nom de la personne.

Les LXX ont employé le mot κύριος pour « Jéhovah », traduit habituellement par