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AFRICAINE.

sent, jugeant par cette eau répandue, combien devait être bourbeuse celle que j’avais bue, m’offrit quelques miettes de biscuit qu’il conservait précieusement dans sa poche. Je mâchai ce mélange de pain, de poussière et de tabac, mais je ne pus l’avaler, et le donnai tout broyé à l’un de mes jeunes frères qui tombait d’inanition.

Nous nous disposions à quitter ce lieu brûlant, lorsque nous appercûmes notre généreux Anglais qui nous apportait des provisions. À cette vue, je sentis renaître le courage au fond de mon cœur, et je cessai de désirer la mort que j’avais auparavant appelée à mon secours. Plusieurs Maures accompagnaient M. Carnet, et tous étaient chargés. Aussitôt leur arrivée, nous eûmes de l’eau, du riz et du poisson sec en abondance. Tout le monde but sa ration d’eau, mais peu de personnes eurent la force de manger,