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AFRICAINE.

son langage barbare, plusieurs paroles qu’il accompagna de gestes menaçants. Mon petit mousse ayant pris la fuite, je me mis à pleurer : car ce Maure s’opposait toujours à la marche de mon pauvre âne, qui peut-être était bien aise de se reposer un peu. Cependant aux gestes qu’il me faisait, je crus qu’il me demandait où j’allais, et je me mis à crier de toutes mes forces : ndar ! ndar ! (Sénégal) seul mot africain que je connusse alors. À ce mot, le Maure lâcha la bride de ma monture, en lui faisant sentir, ainsi qu’à mes épaules, toute la pesanteur du manche de sa lance, et alla rejoindre ses camarades qui riaient aux éclats. Pour moi, bien contente d’en être quitte pour la peur, quelques ndar et le régal du coup de bâton, qui n’avait sans doute été destiné qu’à mon âne, je me hâtai de rejoindre la caravane. Je racontai mon aventure à mes parens