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AFRICAINE.

ser la mauvaise année qui se préparait. Nous nous mîmes donc entièrement à la nourriture des nègres. Nous prîmes aussi des habillemens plus convenables à notre position que ceux que nous portions ordinairement. Une pièce de coton grossièrement travaillée par les nègres, servit à nous faire des robes et des habits aux enfans. Mon père fut habillé avec de la grosse toile bleue. Afin d’adoucir un peu notre malheureuse existence, tous les dimanches, mon père envoyait un nègre au Sénégal, pour nous acheter deux ou trois livres de pain blanc ; car c’était dans notre triste situation le plus grand régal qu’il put nous procurer.

Un dimanche soir, comme toute la famille était assise autour d’un grand feu, mangeant quelques petits pains qu’on venait d’apporter du Sénégal, un nègre de la grande terre remit une lettre à mon père ; elle était de M. Renaud, chi-