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LA CHAUMIÈRE

beaucoup d’autres nous firent essuyer des humiliations grossières. Aussi ma sœur et moi, fuyions-nous ces êtres mal élevés, comme les bêtes féroces qui nous avoisinaient. Quelquefois, pour nous faire oublier les insultes et les vexations que nous éprouvions de la part des marchands négriers qui venaient au Sénégal, et que la curiosité amenait dans notre île, mon père nous disait : « Quoi, mes enfans, vous vous affligez des impertinences ces êtres là ? mais pensez donc que malgré votre misère, vous êtes cent fois plus qu’eux, qui ne sont tous, que de vils marchands de chair humaine, que des fils de soldats sans mœurs, que des matelots enrichis, ou des flibustiers sans éducation et sans patrie ».

Un jour, un marchand négrier français, que je ne veux point-nommer, remontant le fleuve du Sénégal, descendit chez