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AFRICAINE.

nous avions vécu et les malheurs que nous avions essuyés, ne contribuaient pas peu à nous donner un air sauvage et embarrassé. Ma sœur Caroline surtout était devenue si timide, qu’elle ne pouvait se résoudre à paraître en compagnie. Il est vrai que l’état de dénûment où nous étions réduites, entrait pour beaucoup dans la répugnance que nous témoignions de voir la société. N’ayant pour toute coëffure que nos cheveux, pour vêtemens qu’une robe de grosse toile mi-usée, sans bas et sans chaussure, il nous était très-pénible de paraître ainsi accoutrées au milieu d’un monde où jadis nous avions tenu un certain rang. La bonne madame Thomas voyant notre embarras, voulut bien nous dispenser de nous mettre à table, attendu qu’il s’y trouvait plusieurs personnes étrangères à sa maison. Elle nous fit servir à souper dans sa chambre, prétextant que nous étions indisposées.