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LA CHAUMIÈRE

sion sur le malheur qui nous menace, je l’interroge en tremblant. Ce digne homme ne peut dissimuler ; il me prend la main et me dit : « Ma chère demoiselle, le moment est arrivé où vous avez besoin de vous armer de courage ; c’en est fait de M. Picard ; il faut vous soumettre à la volonté de Dieu ». Ces paroles furent pour moi un coup de foudre. Je rentre aussitôt fondant en larmes ; mais hélas ! Mon père venait de rendre le dernier soupir.

Un malheur aussi affreux me plongea dans un état pire que la mort. Sans cesse je souhaitais qu’elle vînt mettre fin à ma déplorable vie. Les amis dont j’étais entourée faisaient tous leurs efforts pour me calmer ; mais mon âme abîmée dans la douleur se refusait à toutes les consolations. Ô Dieu ! m’écriai-je, comment est-il possible que vous me laissiez vivre encore ? La dou-