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LA CHAUMIÈRE

officier généreux ouvre son porte-manteau, et offre des bonnets, des bas, des chemises à tous ceux qui en veulent ; ceux-ci avaient déjà réuni leurs meilleurs effets, lorsqu’on leur apprend qu’ils ne pourront rien emporter ; ceux-là parcourent les chambres, les soutes, pour en sortir les objets les plus précieux. Les mousses découvrent les vins délicats, les liqueurs fines qu’une sage prévoyance avait mises en réserve. Les soldats et les matelots pénétrent jusqu’au magasin au vin, ils en sortent plusieurs pièces, ils les défoncent, et boivent jusqu’à ce qu’ils succombent sous les vapeurs de Bacchus. Bientôt le tumulte des hommes ivres fait oublier les mugissemens de la mer qui menace de nous engloutir dans ses profonds abîmes. Enfin le désordre est à son comble ; le soldat gorgé de vin n’entend plus la voix de son capitaine : celui-ci fronce le sourcil et jure entre ses dents,