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LA CHAUMIÈRE

du Radeau, faisait perdre l’équilibre aux malheureux qu’on avait entassés ; leurs pieds embarrassés dans les cordages et les bois, leur ôtaient jusqu’à la faculté de se mouvoir ; de sorte que ces infortunés, suspendus, balancés sur les gouffres qui devaient les engloutir, furent bientôt torturés entre les pièces de bois qui formaient l’échafaud sur lequel ils flottaient. Les parties osseuses de leurs pieds, de leurs jambes s’applatissaient, ou se brisaient chaque fois que la rage des flots soulevait le Radeau ; leurs chairs couvertes de contusions et de larges plaies, se dissolvaient pour ainsi-dire dans l’onde amère, tandisque les flots mugissans se coloraient de leur sang.

Comme le Radeau, lorsqu’on l’abandonna, était déjà à près de deux lieues de la Frégate, il fut impossible à ces malheureux d’y retourner ; aussi furent-ils bientôt entraînés au large. Toutes ces victimes