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AFRICAINE.

éclairs se succèdant les uns aux autres, découvrent à nos yeux tout ce que l’esprit peut concevoir de plus horrible. Notre Canot battu de tous côtés par les vents et soulevé à chaque instant par de hautes montagnes d’eau, est presque submergé, malgré tous nos efforts pour en jeter l’eau qui y entre, lorsqu’on découvre un large trou sur l’arrière. On se hâte de le boucher avec toujt ce qu’on peut trouver ; vieux pantalons, manches de chemises, lambeaux de robes, schalls, mauvais bonnets, tout est employé avec succès, ce qui nous rassure tant soit peu. Durant plus de six heures, nous voguons ainsi balancés entre la crainte et l’espérance, entre la vie et la mort. Enfin, vers le milieu de la nuit, le ciel qui a vu notre résignation, commande aux flots irrités. Bientôt la mer est moins grosse, le voile qui la couvre devient moins obscur, les étoiles brillent de nouveau, et