Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/226

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en bois ― toujours en bois. ― Mon père continue à se désoler.

― Si au moins, dit-il, je pouvais avoir une lettre du gérant ! Est-ce bête, la guerre ! Comme ça gênerait les belligérants, hein ? de laisser passer les lettres ? les lettres de commerce ?… Et puis, tu as beau dire, si les affaires marchaient si bien à Paris, le gérant aurait trouvé moyen de me le faire savoir…

― Mais, comment, papa ?

― N’importe comment… Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles.

Mon père se monte. La colère le fait déraisonner. C’est à qui, parmi nos amis et connaissances, entreprendra de le sermonner. Mais M. Beaudrain et les époux Legros échouent complètement dans leurs tentatives et Mme  Arnal n’obtient que de très minces résultats. Quant au père Merlin, il prétend qu’un peuple qui a déclaré la guerre à un autre peuple et qui n’a pas le dessus, doit savoir accepter tous les sacrifices.

― Mais, nom d’une pipe ! s’écrie mon père, est-ce que c’est moi qui ai déclaré la guerre aux Allemands ? Est-ce que je suis le gouvernement, moi ?