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VIII


— Voilà le détachement de Sandouch qui rentre ! s’écrie l’Amiral, qui vient de sortir pour aller reporter les gamelles à la cuisine.

Nous nous précipitons tous hors des marabouts.

Au loin, sur la route qui, à quinze cents mètres du camp, traverse la Medjerdah, on aperçoit une longue file de mulets dont les cacolets sont chargés d’hommes. Derrière, sans ordre, marchant par petits groupes ou isolément, des soldats revêtus de la capote grise qui, de loin, paraît noire, suivent lentement, s’arrêtant parfois un instant et reprenant leur marche titubante d’ivrognes ou d’hallucinés. On dirait un cortège macabre suivi d’une procession de croque-morts ivres.


Ils arrivent, ils entrent dans le camp. Un défilé lamentable d’hommes harassés, éclopés, au teint plombé ou jaunâtre, aux yeux ternes, aux membres las. Une douzaine à peine portent leurs sacs ; une quarantaine, la figure terreuse, les yeux à moitié fermés ou agrandis par la fièvre et brillant d’un éclat qui fait