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XV


On travaille beaucoup à Aïn-Halib. On élève, à grands frais, un magasin de ravitaillement, un bordj pour les officiers, un Cercle et un hôpital. Ces bâtiments sont évidemment sous l’influence d’un mauvais esprit, car ils ont un mal du diable à se tenir debout. On dirait qu’ils sont fatigués avant d’être au monde et qu’ils n’ont aucune envie de figurer sur la carte de l’État-major ; au moindre vent, à la moindre averse, on les voit s’affaisser comme s’il leur prenait des faiblesses. Deux heures de mauvais temps détruisent l’ouvrage d’une semaine. L’hôpital surtout fait preuve d’une mauvaise volonté persistante. Voilà trois fois qu’on le reconstruit et trois fois qu’il s’écroule. L’énorme voûte de pierres qui lui sert de toiture abuse certainement de sa situation pour peser de tout son poids sur les deux murs latéraux ; et ceux-ci, fatigués des efforts qu’ils sont obligés de faire pour la soutenir, profitent de la première occasion, une méchante pluie par exemple, pour s’écarter comme les feuillets d’un livre qu’on a placé sur le dos. Il n’y a plus qu’à