Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/190

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de garde sont sous leur marabout, le pied-de-banc sous le sien. Allons-y. Je sors de mon tombeau en rampant ; je me glisse le long du mur sur lequel je me hisse sans bruit. Je prends mon élan pour sauter le fossé… Zut ! une pierre qui tombe et roule sur une vieille boîte de conserves… tant pis ! Je saute et je pars en courant, sans faire de bruit, sur la pointe des pieds ; j’ai déjà parcouru la moitié du chemin…


— Halte-là !… Halte-là !… Halte-là, ou je fais feu.

Un gros olivier est à côté de moi. Instinctivement, je me jette derrière, à plat ventre. Le tonnerre d’un coup de fusil éclate et la balle s’enfonce dans l’arbre, à un mètre de terre, avec le bruit mat d’une pomme cuite qu’on colle le long d’un mur. Bien visé ! Je me relève vivement et je fais tourner mes bras, comme les ailes d’un moulin à vent, pour indiquer que je reviens.


On m’a mis aux fers. ― Ils ont cru que je voulais déserter, les imbéciles !


Pendant la nuit, Chaumiette a repris la faction. Il s’est approché de mon tombeau.

— Est-ce que tu dors ?

— Non.

— Tu sais, tout à l’heure… je t’avais bien vu partir, mais je ne disais rien… c’est le sergent qui t’a entendu… Il m’a commandé de tirer… tu comprends… il était à côté de moi… j’ai tiré en l’air !…

— Lâche !