Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/213

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le manche d’un riflard ― et qui jettent à pleines poignées, sur les éraflures que fait la pointe froide de la menace, le sel cuisant de l’ironie.


— Allons, trotte donc ; on dirait que tu as peur de t’user la plante des pieds ! Tu ne ferais jamais tort qu’aux vers. Ils ne te diront pas merci pour une demi-livre de viande que tu leur apporteras en plus. Après ça, Monsieur a peut-être passé un traité avec les astibloches ?


— Si tu ne marches pas plus vite, je ne te laisserai pas faire ton testament.


Au bout d’une heure et demie, du haut d’une éminence qui domine une vallée, nous apercevons El-Ksob. Il est neuf heures du matin. Le blanc des marabouts, rosé au sommet, éclate sur le bleu pur du ciel, à gauche, tandis qu’à droite, le soleil qui vient de jeter sa pourpre caligineuse sur la pointe des montagnes, commence à rougir les contours de constructions inachevées dont les formes s’effacent et ne semblent plus qu’une masse violacée et confuse au milieu de l’éblouissement doré des rayons.