Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toujours d’assez bons yeux pour m’apercevoir qu’un coin du nuage gris ― très léger, c’est vrai ― a atteint le but avant lui. Dans ce dernier cas, pourtant, je ne suis pas parfaitement tranquille. Ma conscience me reproche tout bas une indélicatesse coupable.

Je voudrais avoir un sou, pour jouer la chose à pile ou face. Comme ça, je ne pourrais pas tricher.


Je n’ai pas un sou ― heureusement. ― Car, si j’avais le malheur de perdre, je sens bien que je n’aurais pas la force de me rebiffer contre la décision de l’oracle, et que je serais sans aucun doute la victime de ma crédulité idiote, mais forcenée.


— Froissard, une lettre pour vous.

Le vaguemestre me tend une enveloppe que je dois ouvrir devant lui. Tiens, une lettre de mon cousin, du cousin qui m’envoyait de l’argent à El-Ksob, au temps des orgies sardanapalesques avec les Gitons callipyges. Mais, à propos, comment a-t-il pu savoir mon adresse, le cousin ? Qui diable a pu lui apprendre… Voyons la lettre.


« Mon cher cousin, ton secret est enfin dévoilé. Je sais tout. N’ayant pas reçu de tes nouvelles depuis quelque temps, j’ai été demander des renseignements au ministère de la guerre. Ces renseignements sont épouvantables… »

Et patati et patata. On lui a dit que j’avais été envoyé aux Compagnies de Discipline pour mauvaise conduite et indiscipline, etc. ― Un tas d’horreurs, quoi !

Le cousin se déclare scandalisé. Pauvre cousin !


« Personne n’y va, à ces Compagnies de Discipline. »