Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/307

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laissé en moi. Je les ai subies, tout simplement. Et quant au grand troupeau des disciplinés, des soumis, des domestiqués, je ne l’ai même pas dédaigné, je ne l’ai point vu. Qu’une bassesse de ces malheureux, par-ci par-là, m’ait fait hausser les épaules, qu’une de leurs vilenies m’ait fait lever le cœur, c’est possible. Rien de plus.


C’est pour cela que je les ai badigeonnés en rouge, tous les fonds couleur de cendre ; et je sens que je n’aurai jamais le courage, maintenant, de plaquer des rappels de gris sur les vigueurs des premiers plans.

Ah ! c’est bien la platitude et la banalité, pourtant, qui s’étalent, comme de larges nappes d’eau croupissante, au-dessus desquelles font saillie, de loin en loin, les aspérités des caractères forts.


Ce côté-là m’a échappé… Ma foi, tant mieux ! J’ai déjà remué tant de boue pour les retirer de la fange où ils gisaient, tous ces souvenirs amers…


— Froissard, tu dors ?

Ce sont des camarades, qui viennent me faire leurs adieux et me souhaiter un bon voyage. Quelques-uns, des Parisiens, me donnent des commissions…

Le clairon ! Un coup de langue prolongé : c’est l’extinction des feux.

Encore une nuit et je serai libre.


Libre !… Demain !