Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mètres, à peu près ; mais c’est très gênant pour la marche, d’avoir les mains attachées. Je demande au Pandore de me permettre de monter dans une prolonge.

— Tout à l’heure ; nous sommes trop près de la ville.

Il m’a laissé faire dix kilomètres à pied, le rossard.


— Vous savez, m’a-t-il dit en arrivant à l’étape ― un plateau absolument nu au bas duquel coule un ruisseau ― ce n’est pas que j’aie peur que vous vous échappiez, mais je veux que vous restiez à côté de moi. Comme je suis responsable de vous, vous comprenez… Ainsi, maintenant, en attendant que la cuisine soit faite, j’ai envie de faire la sieste ; eh bien, vous allez la faire en même temps que moi… tenez, à l’ombre de cet olivier.

— Mais je n’ai pas envie de dormir.

— Ça ne fait rien.

Elle n’est pas mauvaise ! Ils ont des idées à eux, ces gendarmes. Vouloir forcer les gens à dormir ! Et si je ne peux pas, moi ?

Si je ne peux pas, je ne suis pas le seul : mon garde du corps non plus ne paraît pas trouver facilement le sommeil. Il se tourne et se retourne comme saint Laurent sur son gril.

— Ah ! ça y est. Je ne dormirai pas ! sacré nom de nom !

Il se met sur son séant.

— Vous non plus, vous ne dormez pas ?

— Non.

— Vraiment ! Ah ! à propos, vous ne m’avez pas raconté pourquoi l’on vous envoie à Biribi. Dites-moi donc ça ; cela fera passer le temps.