Page:Darien - L'ami de l'ordre, 1898.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monsieur, j’aurais été guillotiné. Mais ma tête aurait roulé sous la hache, entendez-vous ? avant qu’une parole fût tombée de mes lèvres contre le roi, contre le comte de Provence, contre le comte d’Artois. Non. Quand même j’aurais été témoin de la faiblesse du monarque, quand même j’aurais connu par le menu les intrigues de son frère aîné, quand même j’aurais assisté à la triste conduite de l’autre, à Quiberon… Il y a quelque chose d’infaillible : l’Idéal. Il ne faut pas discuter les dogmes. Vous, les prêtres, vous avez discuté Dieu. Ces gens-là… (Il se tourne vers la fenêtre.)… ces gens-là l’ont biffé !

L’ABBÉ

Hélas !

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Et c’est de votre faute, allez, s’ils ne croient plus ! c’est de votre faute, ce qui arrive. J’ai bien peur que le sang de monseigneur Darboy retombe sur vos têtes ! Quand on représente Dieu sur la terre, on ne fait pas de concessions. Ou alors… Oh ! si ça pouvait vous servir, au moins, ces exemples ! Si ça pouvait vous servir, à vous, d’avoir été mis en prison par la canaille !… Mais, bah ! un de ces bandits, les mains rouges encore de sang, viendrait vous demander asile, que vous le cacheriez chez vous ! Ne dites pas non ; j’en suis sûr… oui, c’est de votre faute, je vous dis… Il y a un prêtre, monsieur le curé, qui s’est appelé Torquemada…

L’ABBÉ, tristement.

Il y a un prêtre qui s’est appelé Saint Vincent de Paul… C’est de notre faute oui, peut-être…

On sonne. Marie va ouvrir.