Page:Darien - La Belle France.djvu/133

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dinaire centralisation administrative, parfaitement anonyme et parfaitement irresponsable. L’armée semble être organisée seulement pour le temps de paix, c’est-à-dire — car il faut voir les choses telles qu’elles sont — en vue d’une action à l’intérieur ; pas du tout pour la vie active de la guerre. L’armée n’est pas commandée ; elle est seulement administrée. Les commandants de corps ne sont unis entre eux que par des intérêts de caste, lien suffisant pour une tentative contre le régime établi, mais tout à fait dérisoire lorsqu’il s’agit d’une action en commun contre l’ennemi.

Donc, en raison des intérêts de caste de ses chefs (qui sont, après tout, simplement les intérêts de la réaction, c’est-à-dire de l’Église), l’armée française est soumise à un régime terrible de punitions barbares et dégradantes, de châtiments corporels absolument infâmes. Car, en dépit de toutes les affirmations contraires, ce sont seulement les châtiments corporels qui sont en usage dans l’armée française, et qui y sont appliqués avec une férocité, une lâcheté et une hypocrisie que je qualifie, sans aucune hésitation, de bien française. Une longue et douloureuse expérience me permet d’insister sur le mot. C’est seulement en France que l’officier est instruit à oublier complètement que ses subordonnés sont des hommes et des compagnons éventuels de lutte ; c’est seulement en France qu’il est, non pas la brute sauvage qu’on peut quelquefois trouver ailleurs, mais l’être tortueux et faux, systématiquement cruel et hypocritement despotique, le gardien féroce et cafard d’abominables traditions qu’il veut faire prévaloir à tout prix, le tortionnaire clérical soigneusement dressé — on peut appliquer à ces individus les expressions dont ils usent envers leurs hommes — soigneusement dressé, dis-je, à son métier d’agent de la bourgeoisie et de défenseur du Saint-Siège.

Donc, — je me répète exprès — en raison des intérêts de caste de ses chefs (qui sont, après tout, simplement les intérêts de la réaction, c’est-à-dire de l’Église), l’armée française est dirigée par une administration anonyme