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compétence en tout ce qui touche aux habitants des pays chauds, en la meilleure façon de soupeser leurs bourses et de les mettre à sec, est hors de doute et date de loin puisqu’il la doit, dit-on, à l’école maternelle. Mais la guerre, la vraie guerre, la guerre continentale, est et demeure interdite à l’armée. L’armée ne doit pas faire la guerre, ne doit même pas être en mesure de la faire. Elle doit conserver la paix ; c’est-à-dire, l’ordre social actuel.

Les misérables groupes politiques qui jouent l’un après l’autre le rôle d’opposition reprochent amèrement aux gouvernements qui se succèdent de ne pas mettre la France en état de répondre à une provocation, de repousser un affront. C’est la plus lamentable des comédies. Chacun des coquins qui composent les groupes en question, et même le plus obtus d’entre eux, sait très bien qu’on ne peut donner à l’armée l’efficacité qu’il réclame que révolutionnairement ; il n’ignore point que c’est la base sur laquelle est établie l’armée, base en contradiction formelle avec l’essence de cette armée, qui vacille, prive l’institution militaire actuelle de toute stabilité et de toute solidité, et que c’est une assise démocratique seule qui peut donner une vigueur réelle au colosse de la nation en armes ; il sait que tout ce qu’on raconte au sujet de la défense nationale n’est qu’une farce ridicule ; que la seule défense possible de la France, si on lui cherche querelle, est dans l’attaque ; et que la seule attaque possible à la France, c’est la Révolution. Il le sait, mais feint de ne le point savoir ; et le gouvernement, qui lui répond de vagues sottises, le sait aussi, mais n’en veut rien dire.

Ce que savent ses représentants, il n’est guère admissible que le peuple, si sot et si apathique qu’il soit, l’ignore complètement. Les raisons mêmes qui font désirer aux possédants le maintien de l’armée telle qu’elle est devraient lui faire souhaiter, à lui, la transformation immédiate de cette armée. C’est une chose qu’il devrait demander résolument, exiger séance tenante. Aucun des motifs qu’on pourrait invoquer pour défendre les institutions militaires d’aujourd’hui n’est valable ; des preuves