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mots des couvents, et il y a des sujets devant lesquels recule mon instinctive pudeur. L’enseignement supérieur et secondaire produisent donc, sauf exceptions, des malheureux, des tyrans, et des garde-chiourmes.

Quant à l’enseignement primaire, il ne produit que des esclaves. J’admets à la rigueur qu’il peut y avoir une différence entre l’influence exercée sur l’esprit de l’enfant par l’école congréganiste et l’influence exercée par l’école laïque. Mais cette différence n’est que de surface. (On voit que je ne fais aucune allusion aux mœurs des Flamidiens). L’école, quelle qu’elle soit, fait contracter l’habitude de la soumission servile, de l’humilité. On peut résumer son rôle d’un mot : elle prépare à l’armée. Il n’est sans doute pas mauvais qu’il en soit ainsi. Comme, en entrant au régiment, le Français doit sacrifier complètement sa personnalité, il est préférable qu’il n’ait point de personnalité et que la douleur du sacrifice, par conséquent, lui soit épargnée. Le grand point, c’est qu’il n’y ait plus d’illettrés en France ; que tous les citoyens puissent lire le texte des lois qui les garrottent ; compter les chaînons de leur chaîne ; écrire, sur les bulletins de vote, qu’ils désirent que la séance continue — avec Jean-qui-Bavarde pour la présider, en attendant Jean-qui-Tue. — On prépare l’avénement de Jean-qui-Tue, sans le vouloir il est vrai, en prodiguant au jeune Français des idées bizarres sur l’immense supériorité de sa patrie. (C’est plus facile et moins dangereux, croit-on, que de lui apprendre ce que c’est que sa patrie.) Voici, par exemple comment il se pourrait qu’on lui apprît l’histoire de la campagne de 1812 :


« Sans exagération aucune, on peut affirmer que la campagne de 1812 ne fut qu’une suite naturelle de l’entrevue de Tilsitt. Fut-ce même, à proprement parler, une campagne ? Nous répondrons hardiment : non. Ce fut une visite amicale faite par Napoléon au tzar, visite faite en grande pompe, avec cet appareil militaire dont le fameux conquérant aimait à s’entourer. L’Empereur pensait trouver le tzar à Moscou ; et, malgré un avis contraire que le général