Page:Darien - La Belle France.djvu/273

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Les Orientaux, lorsqu’une éclipse se produit, font un épouvantable charivari pour chasser le mauvais esprit qui a saisi la lune ou le soleil ; et, lorsque l’astre reparaît, ils sont persuadés que c’est leur tintamarre qui l’a délivré. Les Français n’ont point toujours été, tant s’en faut, les artisans de l’affranchissement universel qu’ils s’imaginent avoir été ; mais, pendant la période révolutionnaire de la fin du siècle dernier, ils ont travaillé de toutes leurs forces, certainement, à l’établissement général d’une nouvelle forme d’esclavage. Ils s’en doutent si peu qu’ils ont l’habitude, pour combattre les conceptions nouvelles qui cherchent à s’affirmer, ou, plus simplement, afin de s’opposer à l’expression en faits des idées de Liberté et d’Égalité qu’ils n’admettent que comme abstractions, d’invoquer le Droit moderne et les principes de la grande Révolution.

Quand on saura ce que fut, réellement, cette Révolution, il est à croire qu’on prendra le parti raisonnable de laisser le Droit moderne à sa place, dans les sacristies que purifiera le feu terrestre, à défaut du feu du ciel ; et qu’on nous fichera la paix, une fois pour toutes, avec ces grands principes qui nous font tant oublier que nous avons de grands besoins. Il est à espérer aussi que messieurs les Français et mesdames les Françaises voudront bien s’apercevoir, enfin, que la source vive à laquelle ils étanchent leur soif de progrès n’est qu’une mare stagnante, énorme fonds de bénitier, dont l’eau croupie les empoisonne.

Et il est à espérer surtout que l’Humanité ne donnera jamais, par sa crédulité aveugle et sa niaise confiance dans les marchands de phrases, un pendant à cette fausse Histoire que le Mensonge, accroupi depuis cent ans dans la caverne de la Légende, hurle à tous les échos du monde.