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et surtout d’énergie ; les éléments révolutionnaires, libertaires, ont seuls une valeur. L’aristocratie n’existe plus que de nom — un nom méprisable, qu’elle a souillé de toutes les hontes. — Le clergé séculier, domestique infidèle de l’État, ayant abdiqué toute prétention à une existence propre, et donnant tous les jours l’exemple de l’indignité morale, est devenu l’instrument vil des Congrégations. La bourgeoisie, la plus infâme, la plus bête et la plus lâche du monde, présente l’aspect d’un immense troupeau de cochons, généralement vaccinés ; il est actuellement impossible de trouver une autre expression qui dépeigne, d’une façon à peu près adéquate, l’immonde bourgeoisie française. Le peuple est une cohue d’esclaves glorioleux, Ilotes qui se croient libres, Parias qui se supposent souverains ; ce lion populaire, dont la peau est devenue un paillasson pour les bottes de tous les Roberts-Macaires, est un triste animal dont 89 arracha les dents et les griffes, que tient en laisse une loueuse de chaises coiffée du bonnet phrygien, et qu’un sacristain pousse par derrière ; la vermine le ronge, bien entendu ; toutes les vermines. Une nouvelle caste, si l’on peut dire, s’est élevée : la caste militaire ; après avoir vécu de ses victoires, elle vit de ses défaites ; et en vit bien. À vrai dire, pourtant, son existence même n’est point réelle ; elle n’est que le reflet, multiplié par l’éclat resplendissant des armes vierges, du quinquet fumeux à la lueur duquel le mercantilisme fait ses affaires et la religion compte ses trente deniers ; le bruit que font ses canons tirés à blanc n’est que l’écho, démesurément grossi, des clameurs vaines de la politique, des hurlements affamés de la Bourse, des huées, des sifflements, des plaintes, des glapissements, des acclamations, des murmures et des rires bêtes, de tous les bruits odieux et ridicules que fait entendre la foule, lorsqu’elle essaie de braire. Et tout ça, tout ça, tout ce peuple — si c’est un peuple — tout ça ne crie plus, comme autrefois : Panem et Circenses ! mais : Ecclesiam et Circenses ! Il leur faut deux théâtres, à ces êtres-là ; le Cirque militaire et le Cirque