Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
LE VOLEUR

soirs avant de se coucher et tu t’assureras que la porte d’entrée peut s’ouvrir facilement. En cas d’alerte, nous n’aurons qu’à nous précipiter dans l’escalier, à nous jeter dans la rue et à nous diriger vers ton hôtel, rue des Augustins. Quand tu auras fait ce que je te dis, tu viendras me retrouver. Allons.


J’ai tiré les trois gros verrous, je suis sûr qu’il suffit de tourner un bouton pour ouvrir la porte, et je remonte au troisième étage.

— C’est bien, dit Roger. Nous allons commencer. Une porte à deux battants à un cabinet ! Faut-il être bête ! Rien de plus facile à forcer… Et pas même de serrure de sûreté…

Du bec d’une pince qu’il a introduite entre les vantaux, il cherche l’endroit favorable à la pesée. Il le trouve, il enfonce sa pince, la tire à lui de toute sa force… et un craquement formidable me semble faire trembler la maison.

— Ça y est, murmure Roger, qui pose un doigt sur ses lèvres.

Et nous restons là, immobiles, aux aguets, l’oreille tendue pour épier le moindre bruit. Mais rien ne bouge dans la maison. Roger pousse la porte dont la serrure pend à une vis, et nous entrons dans le cabinet.

— Quel fracas tu as fait ! dis-je à Roger-la-Honte, qui sourit.

— Mais non ; ça t’a produit cet effet-là parce que tu manques d’habitude et que tu es énervé ; en réalité, je n’ai pas fait plus de bruit qu’on n’en fait lorsqu’on brise un bout de planche ou une règle. Ils ne se sont pas réveillés, sois tranquille. Pourtant, écoutons encore.

Nous prêtons l’oreille ; mais le silence le plus profond règne dans la maison. J’ai posé la lanterne sourde sur le bureau de l’industriel et je me suis assis dans son fauteuil ; les rayons lumineux se projettent sur une feuille de papier où grimacent quelques lignes