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LE VOLEUR

bien d’autres. Il n’y a plus que l’argent aujourd’hui, et il donne la fièvre à tout le monde ; si les femmes sont folles, les hommes ont besoin d’une douche. C’est à se demander où nous allons.

— Au tonnerre de Dieu, dis-je, si ça peut signifier quelque chose ; et pas ailleurs. Je ne vois point pourquoi nous n’aurions pas la fin que nous méritons, nous, les Barbares de la Décadence.

— C’était l’avis de Canonnier ; il disait aussi que la couturière, la lingère et la modiste sont d’excellents agents de révolution, et que les masses se démoralisent plus facilement par les chiffons et la parfumerie que par les écrits incendiaires et les explosions de dynamite.

— C’est une opinion. En attendant, car il faut bien vivre, j’espère que la petite femme n’oubliera pas de venir nous voir après-demain.

— Elle ! dit Ida en riant, elle viendrait plutôt sur la tête… Tu ne sais pas ce que c’est qu’une femme qui a besoin d’argent et qui a découvert le moyen d’en avoir. Tu peux être assuré qu’elle prendra toutes les mesures nécessaires pour te rendre la besogne facile, car elle a plus d’intérêt que toi-même à ce que tu ne sois pas pincé ; que deviendrait-elle, la malheureuse, si elle n’avait plus personne sous la main pour forcer les tiroirs de ses amis et connaissances ? Sois tranquille, les indications qu’elle te donnera seront excellentes.


Elles l’ont été, en effet. Le coup à faire à Paris était d’une simplicité enfantine ; ce n’a été qu’un jeu pour moi ; le métier commence à m’entrer dans les doigts, comme on dit. Quant aux deux villas, Roger-la-Honte ayant amené à mon aide trois camarades de forte encolure, nous avons eu le plaisir d’opérer leur déménagement complet en moins de temps qu’il n’en aurait fallu à Bailly. « Je suis capitonné. » Et je suis très content, aussi, que ces trois expéditions m’aient permis de placer entre les petites mains de Renée les