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XVI

ORPHELINE DE PAR LA LOI


Nous ne sommes plus qu’à une demi-heure de Bruxelles et le voyageur qui me fait face, dans le compartiment où nous sommes seuls, vient de céder au sommeil. C’est un homme de soixante ans, environ, au front haut, aux traits impérieux, aux cheveux très blancs, à la face complètement rasée. Grand, maigre ; des mains fines ; et ses yeux, qu’il vient de fermer, éclairaient sa physionomie de la lueur de l’intelligence. À présent, c’est seulement de la lassitude, une expression de fatigue et de chagrin intense qui se lit sur sa figure. Souffrance toute morale, sans doute, car cet homme-là doit être riche ; je me permets, tout au moins, de le supposer. Son costume de voyage, très simple, son manteau sombre, son chapeau de feutre, ne me livrent aucun renseignement sur sa position sociale ; et une jolie petite valise à fermoirs d’argent, aux initiales J.-J. B., qu’il a déposée dans le filet au-dessus de sa tête, ne m’en donne pas davantage. Qu’y a-t-il, dans cette valise ?

Je tire mon mouchoir de ma poche, non pas que