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LE VOLEUR

— Ah ! s’écrie-t-elle, comment pourrai-je vous remercier ? Vous êtes si généreux ! Vous m’avez rendu tant de services, ce soir ! Et vous venez de m’indiquer si clairement ce que je dois faire ! Oui, m’en aller, n’est-ce pas ? Quitter ce mari qui me torture, chercher le bonheur ailleurs… ailleurs, avec un homme qui saura me comprendre. Nous sommes si rarement comprises, nous, pauvres femmes ! Oh ! je vous ai bien deviné, allez ! Je vais sortir d’ici cinq minutes après vous, n’est-ce pas ? Et si l’on m’interroge demain, je dirai que j’ai eu peur toute seule, que je suis partie vers minuit et que, si les voleurs sont venus, ç’a été après mon départ. Quelle bonne, quelle excellente idée vous m’avez donnée ! Vous êtes mon sauveur ! mon sauveur !

Elle se rapproche de moi, me frôle de la pointe de ses seins. Qu’est-ce qu’elle a ? On dirait qu’elle fait ses yeux en lune de miel…

— Oui, vous êtes mon sauveur ! Ça m’est égal, que vous soyez un voleur, Monsieur, du moment que vous savez lire dans l’âme d’une femme et deviner son cœur. Mais dites-le moi franchement, auriez-vous fait pour tout le monde ce que vous avez fait pour moi ? Dites-moi donc. Vous voyez bien que je veux savoir ! Supposez qu’une autre femme… Une brune, tenez, car je sens que vous avez un faible pour les blondes… Une brune ? Eh ! bien… peut-être l’auriez-vous tuée ? Dites, l’auriez-vous tuée ? Comme vous avez l’air terrible, quand vous voulez ! Mon mari a toujours l’air si bête !… Vous rappelez-vous, quand je me suis jetée à vos genoux, tout à l’heure ?… Ici, là, continue-t-elle en m’entraînant dans la petite chambre. Vous m’aviez fait si peur ! Vous le regrettez ? Dites que vous le regrettez. Faites-moi plaisir. Oui ? Je vois que vous rougissez…

C’est vrai. L’émotion, je crois. Et puis, la chaleur du travail… Mais Michelet assure que la femme rafraîchit. Faut voir…