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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

unes contiennent de l’azote, sur lesquelles la sécrétion n’agit en aucune espèce de façon et qui ne provoquent pas une inflexion plus longue que les substances inorganiques et insolubles. Ces substances neutres et indigestes sont, autant que j’ai pu l’observer, les productions épidermiques telles que les ongles humains, les cheveux, les plumes, les tissus fibro-élastiques, la mucine, la pepsine, l’urée, la chitine, la chlorophylle, la cellulose, le coton-poudre, les graisses, les huiles et l’amidon.

On pourrait ajouter à ces substances, le sucre et la gomme en dissolution, l’alcool étendu, les infusions végétales qui ne contiennent pas d’albumine, car, ainsi que nous l’avons démontré dans le chapitre précédent, aucune de ces substances ne provoque l’inflexion. Je dois faire remarquer ici, et c’est un fait remarquable qui vient à l’appui de ce que nous avons déjà avancé, c’est-à-dire que le ferment du Drosera est très-semblable, pour ne pas dire absolument identique, à la pepsine, que le suc gastrique des animaux, autant qu’on peut le savoir toutefois, n’agit sur aucune de ces substances, bien que les autres sécrétions du canal alimentaire aient une action sur certaines d’entre elles. Quelques-unes des substances dont je viens de parler ont été placées à de nombreuses reprises sur les feuilles du Drosera, sans que la sécrétion ait agi en aucune façon sur elles ; il est donc inutile de nous en occuper davantage. Quant à quelques autres, je crois devoir donner les résultats des expériences que j’ai faites sur elles.

Tissu fibro-élastique. — Nous avons déjà vu que, quand on place sur les feuilles des petits cubes de viande, etc., les muscles, le tissu aréolaire et le cartilage sont complétement dissous, mais que le tissu fibro-élastique, et même les fils les plus délicats dont il se compose, ne sont en aucune façon attaqués. Or on sait que le suc gastrique des animaux ne peut pas digérer ce tissu[1].

  1. Voir, par exemple, Schiff, Phys. de la Digestion, 1867, t. II, p. 38.