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EFFETS DU CARBONATE D’AMMONIAQUE.

le contenu des cellules situées au-dessous de la glande s’agrège de façon évidente. Enfin, dans les mêmes circonstances, l’absorption par une glande du 1/268800e de grain (0,00024 de milligr.) suffit pour provoquer un mouvement dans le tentacule qui porte cette glande[1]

  1. M. Francis Darwin, un des deux fils de l’auteur, a inséré dans le tome XVI, p. 309, du Journal of microscopical science, un mémoire complémentaire avec planche, intitulé : The process of aggregation in the tentacles of Drosera rotundifolia. Cette publication est postérieure à celle du présent ouvrage en anglais. Je crois donc devoir en donner un extrait. L’auteur rappelle que son père a désigné sous le nom d’aggregation les changements qui ont lieu dans l’intérieur des tentacules du Drosera. Sous l’influence 1o d’attouchements répétés ou du contact prolongé d’agents mécaniques organiques ou inorganiques ; 2o de l’absorption de certaines solutions, telles que du carbonate d’ammoniaque ou de la viande ; 3o de la chaleur ; 4o des phénomènes d’endosmose dus à l’immersion dans la glycérine, par exemple. L’agrégation a lieu également dans le pédicelle du tentacule et dans la glande qui le surmonte. Le pédicelle se compose de cellules allongées ayant 0mm,016 de diamètre ; celles du milieu et du haut sont remplies d’un liquide rosé, qui fait défaut dans les cellules inférieures et les tentacules de feuilles avortées ou venues à l’ombre. Les courants protoplasmatiques suivent les parois de la cellule ou forment un réseau compliqué comme dans les poils staminaux du Tradescantia. M. Francis ni son père n’ont pu y découvrir de nucleus, mais il y a des grains de chlorophylle dans les cellules inférieures du tentacule : jaunes et avortés dans les moyennes, ils ne contiennent pas de fécule, mais sont de nouveau bien développés dans les cellules supérieures.
    Le passage de l’état ordinaire et normal à celui d’agrégation est très-frappant et très-divers. Au lieu d’un liquide rosé homogène, on voit apparaître des masses de matière d’un rouge cramoisi, suspendues dans un liquide incolore ; ces masses changent de forme et de position souvent avec une telle rapidité qu’on n’a pas le temps de les dessiner. Quelle que soit la cause de l’agrégation, celle-ci se propage du haut en bas de la glande au tentacule. M. Darwin père compare ces mouvements à ceux des amibes et des globules blancs du sang, et considère les masses agrégées comme protoplasmatiques. M. Ferdinand Cohn, dans son analyse des Plantes insectivores (Deutsche Rundschau, 1876, p. 454), décrivant l’agrégation (Zusammenballung) de la sève rouge, ne parle pas de protoplasma. Cependant on ne saurait considérer ces phénomènes d’agrégation comme purement mécaniques et comparables à la confluence de petites gouttes d’huile qui se réunissent entre elles pour en former de plus grandes ; c’est un mouvement vital, et par conséquent protoplasmatique. Si l’on admet avec le professeur Cohn que ces masses agrégées ne sont qu’une condensation passive du liquide intra-cellulaire, il faudrait admettre une impulsion venant du dehors qui agirait sur les masses passives du protoplasma.
    Il est généralement reconnu qu’une cellule végétale adulte se compose