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peuvent agir sur nos nerfs. Quand un chien se trouve à un quart de mille sous le vent d’un cerf ou d’un autre animal, et que son odorat lui révèle sa présence, les parcelles odorantes provoquent quelque changement dans les nerfs olfactifs du chien ; cependant ces parcelles doivent être infiniment plus petites que celles du phosphate d’ammoniaque, pesant le 1/20000000e d’un grain[1]. Ces nerfs transmettent une certaine impulsion au cerveau du chien, impulsion qui le pousse à l’action. Ce qu’il y a de réellement merveilleux chez le Drosera, c’est qu’une plante ne possédant aucun système nerveux spécial, soit affectée par des parcelles aussi petites ; mais nous n’avons aucun droit de supposer que d’autres tissus ne puissent pas devenir aussi admirablement aptes à recevoir les impressions du dehors que l’est le système nerveux des animaux élevés, s’il doit en résulter un bénéfice pour l’organisme.



  1. Mon fils, Georges Darwin, a calculé le diamètre d’une sphère de phosphate d’ammoniaque (densité, 1,678) pesant 1/20,000,000e de grain, et il trouve que ce diamètre est de 1/1644e de pouce. Le docteur Klein m’apprend que les plus petits micrococcus que l’on peut distinctement distinguer avec un microscope, grossissant 800 fois en diamètre, ont un diamètre que l’on estime de 0mm,0002 à 0mm,0005, c’est-à-dire du 1/56,800e à 1/127,000e de pouce. Par conséquent, un objet ayant de 1/31e à 1/77e de la grandeur d’une sphère de phosphate d’ammoniaque, peut se distinguer avec un fort grossissement ; et personne ne supposera que l’on puisse distinguer avec un microscope, si puissant qu’il soit, des parcelles odorantes telles que celles émises par le cerf dans l’exemple que nous venons de citer.