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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

plante dans le même réceptacle, et je la laissai exposée à l’action du gaz pendant quarante-cinq minutes, puis je plaçai des parcelles de viande sur 4 glandes. Les tentacules ne bougèrent pas pendant une heure quarante minutes ; au bout de deux heures trente minutes, tous quatre étaient bien infléchis, et, au bout de trois heures, ils avaient atteint le centre de la feuille.

Le phénomène singulier que je vais relater se présente quelquefois, mais, certes, pas toujours. J’exposai une plante pendant deux heures à l’action du gaz, puis je plaçai des parcelles de viande sur plusieurs glandes. Au bout de treize minutes, tous les tentacules sous-marginaux d’une feuille étaient considérablement infléchis ; ceux qui étaient chargés de viande ne l’étant pas plus que les autres. Chez une seconde feuille assez vieille, les tentacules chargés de viande, ainsi que quelques autres, étaient modérément infléchis. Chez une troisième feuille, tous les tentacules étaient fortement infléchis, bien que je n’aie placé de la viande sur aucune des glandes. Je pense qu’on peut attribuer ce mouvement à une excitation provenant de l’absorption de l’oxygène. La dernière feuille dont je viens de parler, sur laquelle je n’avais placé aucun morceau de viande, s’était complétement redressée au bout de vingt-quatre heures, tandis que tous les tentacules des 2 autres feuilles étaient étroitement infléchis sur les parcelles de viande qui, au bout de ce temps, avaient été transportées jusqu’au centre. Ainsi, au bout de vingt-quatre heures, ces trois feuilles s’étaient parfaitement remises de l’action exercée sur elles par le gaz.

Dans une autre circonstance, je plaçai des parcelles de viande sur de belles plantes, immédiatement après un séjour de deux heures dans le gaz ; quand elles furent exposées à l’air, la plupart de leurs tentacules s’infléchirent de façon à prendre une direction verticale ou presque verticale, mais de manière très-irrégulière, au bout de douze minutes ; chez quelques feuilles, les tentacules d’un seul côté s’étaient infléchis, et les tentacules d’un autre côté chez les autres feuilles. Les tentacules restèrent en cet état pendant quelque temps ; ceux qui étaient chargés de viande n’avançant pas d’abord, plus vite ou plus loin, que ceux sur lesquels il n’y en avait pas. Toutefois, au bout de deux heures vingt minutes, les premiers se mirent en mouvement et s’infléchirent progressivement jusqu’à ce qu’ils aient atteint le centre de la feuille. Le lendemain matin, au bout de vingt-deux heures, tous les tentacules de ces feuilles étaient étroitement refermés sur les parcelles de viande qui avaient été transportées jusqu’au centre, tandis que les tentacules qui avaient pris une direction verticale ou à peu près verticale chez les feuilles sur lesquelles aucun morceau de viande