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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

Les différentes substances énumérées dans ce chapitre affectent de façon bien différente la couleur des glandes. Les glandes prennent bien souvent d’abord une teinte foncée, puis elles deviennent très-pâles ou mêmes blanches, comme nous l’avons vu pour celles qui ont été traitées par le poison du cobra et par le citrate de strychnine. Dans d’autres cas, les glandes deviennent blanches tout d’abord comme celles des feuilles que l’on plonge dans l’eau chaude et dans divers acides ; il faut, je crois, attribuer cet effet à la coagulation de l’albumine. Parfois, sur une même feuille, quelques glandes deviennent blanches et d’autres très-foncées, comme il est arrivé chez des feuilles plongées dans une solution de sulfate de quinine ou exposées à la vapeur de l’alcool. Une immersion prolongée dans la nicotine, dans le curare, et même dans l’eau, noircit les glandes ; cela est dû, je crois, à l’agrégation au protoplasma des cellules. Cependant, le curare provoque une très-faible agrégation dans les cellules des tentacules, tandis que la nicotine et le sulfate de quinine provoquent une agrégation fortement marquée qui s’étend jusqu’à la base des tentacules. Les masses agrégées de protoplasma dans des feuilles qui avaient séjourné pendant trois heures quinze minutes dans une solution saturée de sulfate de quinine, offraient des changements incessants de forme qui, d’ailleurs, cessèrent au bout de vingt-quatre heures, la feuille étant devenue flasque et paraissant morte. D’autre part, chez des feuilles plongées pendant quarante-huit heures dans une forte solution du poison du cobra, les masses de protoplasma restèrent extraordinairement actives, tandis que les cils vibratiles et les corpuscules blancs du sang d’animaux plus élevés semblent être rapidement paralysés par cette substance.

Quand il s’agit des sels alcalins et terreux, c’est la nature de la base et non pas celle de l’acide qui détermine l’action physiologique exercée sur le Drosera ; il en est de