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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

chement a peut-être suffi pour provoquer le léger mouvement que j’ai observé. Nitschke[1] dit que les piqûres et les coupures opérées sur la feuille n’excitent aucun mouvement. Le pétiole de la feuille est complètement insensible.

Le dessous des feuilles porte de nombreuses petites papilles qui ne sont le siège d’aucune sécrétion, mais qui possèdent une certaine faculté d’absorption. Ces papilles sont, je crois, les rudiments de tentacules surmontés de glandes qui devaient exister autrefois. J’ai fait beaucoup d’expériences pour arriver à savoir si l’on peut exciter d’une façon quelconque le dessous des feuilles et j’ai soumis 37 feuilles à ces expériences. J’ai chatouillé les unes pendant longtemps avec une grosse aiguille, j’ai placé sur les autres des gouttes de lait et d’autres fluides excitants, de la viande crue, des mouches écrasées et diverses autres substances. Ces substances se dessèchent bientôt, ce qui prouve qu’aucune sécrétion ne s’est produite. En conséquence, j’humectai ces substances avec de la salive, avec des solutions d’ammoniaque et de l’acide chlorhydrique étendu d’eau, et, fréquemment aussi, avec de la sécrétion prise sur la glande d’autres feuilles. Je conservai aussi quelques feuilles sous une cloche humide après avoir placé des objets excitants sur leurs côtés inférieurs ; toutefois, malgré l’attention la plus scrupuleuse je n’ai jamais pu découvrir aucun mouvement véritable. Je fus conduit à faire un si grand nombre d’essais parce que, contrairement à tout ce que j’avais observé jusque-là, Nitschke affirme[2] qu’après avoir fixé les objets aux côtés inférieurs des feuilles à l’aide de la sécrétion visqueuse il a observé souvent que les tentacules et, dans un cas, le limbe lui-même étaient soumis à une action réflexe, s’il s’est produit réellement. Ce

  1. Bot. Zeitung, 1860, p. 234.
  2. Bot. Zeitung, 1860, p. 437.