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DROSERA FILIFORMIS.

capture une quantité extraordinaire d’insectes grands et petits, et même, de grosses mouches du genre Asilus, des phalènes et des papillons. Le docteur Hooker a bien voulu m’envoyer le plant que j’ai examiné ; les feuilles ont de six à douze pouces de longueur (de 15,234 centim. à 30,468 centim.), et ressemblent à un fil ; la surface supérieure est convexe, la surface inférieure plate et légèrement ondulée. Toute la surface convexe jusqu’aux racines, car ces feuilles ne sont pas supportées par une tige distincte, est recouverte de tentacules courts terminés par une glande ; les tentacules marginaux sont plus longs que les autres et quelque peu réfléchis. Des morceaux de viande placés sur les glandes de quelques tentacules provoquèrent chez eux une légère inflexion au bout de vingt minutes ; il est bon d’ajouter que la plante n’était pas très-vigoureuse. Au bout de six heures, les tentacules avaient décrit un angle de 90°, et, au bout de vingt-quatre heures, ils avaient atteint le centre ; les tentacules adjacents commencèrent alors à s’infléchir. Enfin, les glandes réunies sur le morceau de viande déversèrent sur lui une grosse goutte de sécrétion extrêmement visqueuse et légèrement acide. Plusieurs autres glandes furent touchées avec un peu de salive ; les tentacules s’infléchirent en moins d’une heure, et se redressèrent au bout de dix-huit heures. Je plaçai des parcelles de verre, de liège, de charbon, de fil, de feuilles d’or sur de nombreuses glandes appartenant à deux feuilles ; au bout d’une heure environ, quatre tentacules s’infléchirent et quatre autres au bout d’un nouveau laps de temps de deux heures trente minutes. Je ne parvins jamais à provoquer un mouvement en chatouillant longtemps les glandes avec une aiguille ; Mme Treat a bien voulu répéter souvent cette même expérience, mais sans obtenir non plus aucun résultat. Je plaçai des petites mouches sur plusieurs feuilles auprès de leur extrémité ; mais le limbe, dans une occasion seulement, se recourba légèrement, immédiatement au-dessous de l’endroit où reposait l’insecte. Ceci indique peut-être que le limbe des feuilles appartenant à des plantes vigoureuses se recourberait sur les insectes capturés, ce qui arrive d’après le Dr Canby ; toutefois, ce mouvement ne doit pas être bien prononcé, car Mme Treat ne l’a jamais observé.

Drosera binata ou dichotoma. — Je dois à l’obligeance de lady Dorothy Nevill un magnifique exemplaire de cette espèce australienne presque gigantesque ; elle diffère par bien des points intéressants des espèces que nous avons décrites jusqu’à présent. Dans ce spécimen, les tiges des feuilles ressemblent à un jonc et ont vingt pouces (50,78 centim.) de longueur. Le limbe de la feuille se bifurque à sa