de grands succès dans la culture de cette plante la fait pousser comme une orchidée épiphyte sur de la
tion de notes, conservées à la Bibliothèque du palais de l’Ermitage, près
de Pétersbourg, et a été publié pour la première fois dans l’édition de
Diderot par Assezat, t. IX, p. 257. Voici ce passage : « Contiguïté du règne
végétal et du règne animal. Plante de la Caroline appelée Muscipula Dionæa, a les feuilles étendues à terre par paires et à charnières ; ces
feuilles sont recouvertes de papilles. Si une mouche se place sur la feuille,
cette feuille et sa compagne se ferment comme l’huître, sentent et gardent
leur proie, la sucent et ne la rejettent que quand elle est épuisée de sucs.
Voilà une plante presque carnivore. Je ne doute pas que la Muscipula ne
donnât à l’analyse de l’alcali volatil (ammoniaque), produit caractéristique
du règne animal. »
En 1784, Broussonnet s’efforça d’expliquer le rapprochement des limbes
de la feuille il croyait que l’insecte la titillait et provoquait l’excrétion
du liquide qui la rendait turgescente (Mém. de l’Acad. des Sciences, 1784,
p. 614). Érasme Darwin supposait que la Dionæa était entourée de pièges
qui devaient préserver ses fleurs des déprédations des insectes (Botanic Garden, pl. II, p. 15).
M. Sydenham Edwards, dessinateur du Botanical Magazine, constata
le premier, en 1804, dans le texte qui accompagne la planche 785 du
vingtième volume de ce recueil, que les organes filiformes de la feuille du
Dionæa sont doués de sensibilité et déterminent le rapprochement de ses
deux lobes, et vers 1818, un jardinier anglais bien connu par ses expériences sur la direction de la radicule des graines germantes, Andrew
Knight, constatait qu’un pied de Dionæa, sur les feuilles duquel il étendait
de petites lanières de viande, végétait plus vigoureusement qu’un autre qui
était abandonné à lui-même. (Spencer’s Introduction to Entomology, 1818,
t. I, p. 295.)
En 1803, mon prédécesseur, R. Delile, nommé consul à Wilmington
(Caroline du Nord), où croît la Dionæa, l’étudia sur place et rapporta des
échantillons conservés dans l’herbier du jardin des plantes de Montpellier.
Sur l’un d’eux une grosse araignée est emprisonnée dans la feuille. Mais il
ne publia pas ses observations ; cette tâche fut remplie par Curtis, qui
habitait également Wilmington. Sa note se trouve à la page 123 du 1er volume du Journal of natural history de Boston, paru en 1834. « La feuille,
dit-il, est un peu concave à sa face interne qui porte trois organes filiformes
placés de façon qu’un insecte qui traverse la feuille les touche nécessairement ; alors les deux lobes se rapprochent, l’emprisonnent avec une force
supérieure à la sienne. Les poils qui bordent les deux moitiés de la feuille
s’entre-croisent comme les doigts de deux mains jointes ; mais la sensibilité
réside exclusivement dans les organes filiformes dont nous avons parlé, et
on peut toucher ou presser toute autre partie de la feuille sans déterminer
la contraction. L’insecte prisonnier n’est point écrasé ou assassiné, car souvent j’ai délivré des mouches et des araignées qui s’échappaient saines et
sauves. D’autres fois je les ai trouvées entourées d’un liquide mucilagineux
qui semblait dissoudre leur cadavre. » On voit que si Ellis a observé le