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DROSÉRACÉES.

de beaucoup le mieux réussi dans la lutte pour l’existence ; on peut attribuer une grande partie de son succès à son mode de capturer les insectes ; le Drosera est une forme dominante, car il comprend, croit-on, environ cent espèces[1], qui s’étendent, dans le vieux monde, depuis les régions arctiques jusqu’aux parties méridionales de l’Inde au cap de Bonne-Espérance, à Madagascar et à l’Australie ; et, dans le nouveau monde, du Canada à la Terre de Feu. Sous ce rapport il offre un contraste remarquable avec les cinq autres genres qui paraissent des groupes destinés à disparaître. La Dionée ne comprend qu’une seule espèce, confinée dans un district de la Caroline. Les trois variétés ou les trois espèces, étroitement alliées d’Aldrovandia, comme tant d’autres plantes aquatiques, ont un habitat considérable qui s’étend de l’Europe centrale au Bengale et à l’Australie. Le Drosophyllum ne comprend qu’une seule espèce limitée au Portugal et au Maroc. Le Roridula et le Byblis ont, m’apprend le professeur Oliver, chacun deux espèces ; le premier est confiné aux parties occidentales du cap de Bonne-Espérance, le second à l’Australie. Il est étrange que la Dionée, qui est une des plantes les plus

    de membres préhensiles, d’une bouche bien construite et d’un canal alimentaire, et un animal privé de tous ces organes et se nourrissant par absorption au moyen de processus ramifiés qui ressemblent à des racines. Si un cirripède fort rare, l’Anelasma squalicola, avait disparu, il eût été extrêmement difficile de conjecturer comment un changement aussi prodigieux a pu se produire graduellement. Mais, ainsi que Fritz Müller le fait remarquer, nous trouvons dans l’Anelasma un animal dans une condition presque exactement intermédiaire, car il possède des processus ressemblant à des racines qu’il enfonce dans la peau du requin, sur lequel il vit en parasite, et ses cirrhes préhensiles et sa bouche (ainsi qu’elles ont été décrites dans ma monographie sur les Lépadidées, Ray soc., 1851, p. 169) se trouvent réduits à un état atrophique et presque rudimentaire. Le Dr R. Kossmann, dans son ouvrage sur les Suctoria et les Lépadidées, 1873, s’est livré à une discussion très-intéressante sur ce sujet. (Voir aussi Dr Dohrn, Der Ursprung der Wirbelthiere, 1875, p. 77.)

  1. Bentham et Hooker, Genera plantarum. L’Australie est la métropole du genre, car, ainsi que me l’apprend le professeur Oliver, on en a trouvé quarante et une espèces dans ce pays.