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PINGUICULA VULGARIS.

viande rôtie, de façon à ce que leurs extrémités touchassent le bord recourbé et à ce qu’il y ait une distance entre eux de 46/100 de pouce (11,68 millim.). Au bout de vingt-quatre heures, le bord était considérablement et également recourbé (voir fig. 16) sur tout cet espace et sur une longueur de 12 à 13 centièmes de pouce (3,048 à 3,302 millim.) au-dessus et au-dessous de chaque morceau de viande ; de telle sorte que le bord avait été affecté sur une longueur plus grande entre les deux morceaux, grâce à leur action combinée, qu’au delà de chacun des morceaux. Les morceaux de viande étaient trop gros pour que le bord recourbé pût les embrasser, mais ils furent soulevés, et l’un d’eux avait pris une position presque verticale. Au bout de quarante-huit heures, les bords s’étaient presque complètement redressés et les morceaux de viande étaient retombés à leur place primitive. J’examinai de nouveau la feuille deux jours après : le bord s’était complètement redressé, à l’exception de sa courbe naturelle ; un des morceaux de viande qui, dans le principe, touchait le bord, se trouvait actuellement à 0,067 de pouce (1,70 millim.) de distance, ce qui prouve qu’il avait été repoussé par l’inflexion du bord sur le limbe de la feuille.

Septième expérience. — Je plaçai un morceau de viande tout auprès du bord recourbé d’une feuille assez jeune ; après que le bord se fut redressé, le morceau de viande se trouvait à 11/100 de pouce (2,795 millim.) du bord. La distance du bord à la côte centrale de la feuille, bien étendue, s’élevait à 0,35 de pouce (8,89 millim.) : de sorte que le morceau de viande avait été repoussé vers le centre et avait parcouru près d’un tiers du demi-diamètre de la feuille.

Huitième expérience. — Je plaçai en contact immédiat avec le bord recourbé de deux feuilles, une vieille et une jeune, des cubes d’épongé imbibée d’une forte infusion de viande crue. Je mesurai avec soin la distance des bords de la feuille à la côte centrale. Au bout d’une heure dix-sept minutes, je crus remarquer une trace d’inflexion. Au bout de deux heures dix-sept minutes, les deux feuilles étaient évidemment infléchies ; la distance qui séparait les bords de la côte centrale n’était plus alors que la moitié de ce qu’elle était dans le principe. L’inflexion augmenta légèrement pendant les quatre heures et demie qui suivirent, puis elle resta à peu près la même pendant dix-sept heures trente minutes. Trente-cinq heures après que les éponges eurent été placées sur les feuilles, les bords s’étaient un peu redressés, un peu plus chez la plus jeune feuille que chez la plus vieille. Cette dernière ne se redressa complètement que le