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MOUVEMENTS DES FEUILLES.

protégées contre la pluie ; or, les plantes exposées à la pluie ont encore bien plus besoin d’un agencement quelconque pour empêcher, autant que possible, la déperdition complète de la sécrétion et des matières animales qu’elle contient en dissolution.

J’ai déjà fait remarquer que les bords des feuilles des plantes croissant à l’état sauvage sont beaucoup plus fortement recourbés que ceux des plantes cultivées en pot que l’on empêche de capturer beaucoup d’insectes. Nous avons vu que les insectes entraînés par la pluie viennent souvent se placer près des bords, qui, excités par leur présence, se recourbent de plus en plus ; or, nous pouvons penser que cette action, répétée bien des fois pendant la vie de la plante, prédispose ses bords à rester de plus en plus recourbés d’une façon permanente. Je regrette de n’avoir pas pensé en temps utile à cette hypothèse pour pouvoir déterminer par l’expérience si elle est fondée.

Je puis ajouter ici, bien que ce fait ne se rapporte pas immédiatement au sujet qui nous occupe, que, lorsqu’on arrache une plante, les feuilles s’inclinent immédiatement de façon à cacher presque entièrement les racines ; cette remarque a été faite par beaucoup de personnes. Je suppose que ce fait est dû à la même tendance qui pousse les feuilles extérieures les plus vieilles à reposer sur le sol. Il paraît, en outre, que les tiges à fleurs sont irritables dans une certaine mesure, car le docteur Johnson constate qu’elles s’inclinent en arrière si on les saisit un peu rudement[1].

Sécrétion, absorption et digestion. — Je vais donner d’abord le détail de mes observations et de mes expériences et je donnerai ensuite le résumé des résultats obtenus.

  1. English Botany, par sir J.-E. Smith, avec des figures coloriées par J. Sowerby, édit. de 1832, pl. 24, 25 et 26.