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PINGUICULA VULGARIS.

la plupart de ces graines qu’au bout de quarante-huit heures, et une seule graine de Trifolium exerça une action, et cela seulement au bout du troisième jour. Bien que les graines de Plantago, aient excité des sécrétions peu abondantes, les glandes continuèrent à sécréter pendant six jours. Enfin les cinq espèces suivantes, c’est-à-dire la laitue, l’Erica tetralix, l’Atriplex hortensis, le Phalaris canariensis et le froment, ne provoquèrent aucune sécrétion, bien que je les aie laissées sur les feuilles pendant deux ou trois jours. Toutefois, si l’on ouvre en deux les graines de la laitue, du froment et de l’Atriplex, et qu’on les applique aux feuilles, des sécrétions abondantes sont produites au bout de dix heures et même quelquefois au bout de six heures. Dans le cas de l’Atriplex, les sécrétions coulèrent le long des bords, et, au bout de vingt-quatre heures, je copie mes notes, « ces sécrétions étaient aussi considérables qu’elles étaient acides ». Les graines ouvertes de Trifolium et de céleri exercent aussi une action énergique et rapide, bien que la graine entière, comme nous l’avons vu, ne provoque que peu de sécrétions après un long intervalle de temps. Une tranche de pois commun, que je n’ai pas essayé à l’état entier, a provoqué des sécrétions au bout de deux heures. Ces faits nous autorisent à conclure que la grande différence qui existe dans le degré et la rapidité avec lesquels différentes espèces de graines provoquent la sécrétion provient principalement ou entièrement de la perméabilité différente de leurs parois.

Je plaçai sur une feuille des tranches minces de pois commun que j’avais eu le soin de faire tremper dans l’eau depuis une heure ; elles provoquèrent rapidement d’abondantes sécrétions acides. Au bout de vingt-quatre heures, je comparai ces tranches en me servant d’un fort grossissement au microscope avec d’autres tranches que j’avais laissées séjourner dans l’eau pendant le même laps de temps ; ces dernières contenaient un si grand nombre de granules fins de légumine, qu’il était presque impossible d’observer la tranche devenue absolument boueuse. Les tranches, au contraire, qui avaient été soumises à l’action de la sécrétion étaient beaucoup plus transparentes, les granules de légumine ayant été évidemment dissous. Je coupai en tranches une graine de chou qui était restée sur une feuille pendant deux jours et qui avait provoqué d’abondantes sécrétions ; je comparai ces tranches avec d’autres qui étaient restées pendant le même laps de temps dans l’eau. Les tranches soumises à l’action de la sécrétion avaient une teinte beaucoup plus pâle ; les parois surtout présentaient la plus grande différence, car elles avaient perdu leur couleur brun-marron pour prendre une teinte pâle sale. Les glandes sur lesquelles avaient reposé les graines de chou, aussi bien que celles