Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/482

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
460
PINGUICULA LUSITANICA.

la surface extérieure touchait le limbe de la feuille et n’était séparé de la nervure centrale que par 1/20e de pouce environ. Au bout de quarante-huit heures le bord commença à se redresser et au bout de soixante-douze heures il l’était complètement. Le cube s’était arrondi et son volume avait beaucoup diminué ; ce qui en restait se trouvait à l’état semi-liquide.

2. — Je plaçai près du sommet d’une feuille sous le bord naturellement recourbé un morceau assez gros d’albumine. Au bout de deux heures trente minutes les sécrétions devinrent abondantes, et le lendemain matin le bord de ce côté de la feuille était beaucoup plus recourbé que le bord opposé, mais pas aussi complètement que dans l’expérience précédente. Le bord se redressa dans le même laps de temps. Une grande partie de l’albumine fut dissoute mais il en resta cependant encore un peu.

3. — Je disposai en rangées, au milieu de deux feuilles, de gros morceaux d’albumine ; au bout de vingt-quatre heures aucun effet n’avait été produit ; c’était là ce que j’attendais d’ailleurs, car en admettant même que des glandes eussent existé en cet endroit de la feuille, les longs poils durs dont j’ai parlé auraient empêché l’albumine de se trouver en contact avec elles. Je poussai alors les morceaux d’albumine du côté de l’un des bords de chaque feuille ; au bout de trois heures trente minutes, ce bord s’infléchit si considérablement que la surface extérieure touchait le limbe ; le bord opposé ne fut pas du tout affecté. Au bout de trois jours les bords de deux feuilles enfermant l’albumine étaient encore complètement infléchis et les glandes continuaient de déverser des sécrétions abondantes. Je n’ai jamais vu l’inflexion persister aussi longtemps chez le Pinguicula vulgaris.

4. — Je plaçai près des bords d’une feuille deux graines de chou que j’avais laissées tremper dans l’eau pendant une heure ; au bout de trois heures vingt minutes ces graines provoquèrent des sécrétions abondantes et une inflexion prononcée. Au bout de vingt-quatre heures la feuille s’était redressée en partie mais les glandes continuaient encore à sécréter abondamment. Les glandes commencèrent à se dessécher au bout de quarante-huit heures et, au bout de soixante-douze heures, elles étaient presque sèches. Je plaçai alors les deux graines sur du terreau humide dans des conditions favorables à la germination, mais elle ne germèrent jamais, et, au bout de quel-