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PINGUICULA LUSITANICA.

tion distincte. Au bout de huit heures trente minutes ces glandes devinrent incolores. Je plaçai deux petits cubes d’albumine sur les glandes des pédoncules d’une fleur et un autre cube sur les glandes d’un sépale ; les glandes ne sécrétèrent pas et l’albumine au bout de deux jours n’était pas du tout amollie. La fonction de ces glandes semble donc différer beaucoup de la fonction des glandes des feuilles.

Les observations précédentes sur le Pinguicula lusitanica nous prouvent que les bords naturellement très-recourbés des feuilles se recourbent davantage encore quand ils se trouvent en contact avec des corps organiques ou inorganiques ; que l’albumine, les graines de chou, les morceaux de feuilles d’épinard et les fragments de verre provoquent chez les feuilles des sécrétions très-abondantes ; que l’albumine est dissoute par la sécrétion et que les graines de chou sont tuées par elle ; et, enfin, que les glandes absorbent des matières animales qu’elles empruntent aux insectes qui sont capturés en grand nombre par la sécrétion visqueuse. Les glandes situées sur les pédoncules des fleurs ne semblent pas jouir de ces facultés. Cette espèce diffère du Pinguicula vulgaris et du Pinguicula grandiflora en ce que les bords des feuilles excitées par des corps organiques s’infléchissent beaucoup plus et que l’inflexion dure plus longtemps. Les glandes semblent aussi être plus facilement excitées à sécréter abondamment par des corps qui ne contiennent pas des matières azotées solubles. Sous tous les autres rapports, autant toutefois que j’ai pu m’en assurer par mes observations, ces trois espèces ont des facultés fonctionnelles identiques[1].

  1. M. Édouard Morren a publié ses observations personnelles sur les procédés insecticides des Pinguicula (Bulletins de l’Acad. roy. de Belgique, juin 1875). Le savant professeur a opéré sur des pieds de Pinguicula alpina et P. longifolia provenant des Pyrénées et cultivés en serre avec succès. Leurs feuilles toutes radicales sont recouvertes à leur face supérieure d’une matière visqueuse. L’épiderme est recouvert de papilles unicellulaires, courtes, peu espacées et terminées par un capitule glanduleux. Le stipe de ces poils est formé d’une cellule cylindrique fusiforme dans laquelle