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RÉSUMÉ DE L’ABSORPTION.

En résumé, nous pouvons conclure des expériences et des observations, qui précèdent que les vessies n’ont pas la faculté de digérer les matières animales, bien que les processus quadrifides semblent être quelque peu affectés par une infusion fraîche de viande crue. Il est certain, d’autre part, que les processus situés à l’intérieur des vessies et que les glandes situées à l’extérieur absorbent certaines substances contenues dans les sels d’ammoniaque, dans une infusion putride de viande crue et dans l’urée. Une solution d’urée semble agir plus énergiquement sur les glandes que sur les processus, et une infusion de viande crue moins énergiquement sur les premières que sur les seconds. Le cas de l’urée est tout particulièrement intéressant, parce que nous avons vu qu’elle n’a aucune action sur le Drosera, dont les feuilles sont adaptées de façon à digérer des substances animales fraîches. Mais le fait le plus important de tous est que, dans l’espèce dont nous nous occupons et dans les espèces suivantes, les processus bifides et quadrifides des vessies renfermant des matières en décomposition contiennent ordinairement des petites masses de protoplasma, animées de mouvements spontanés, tandis que ces masses n’existent pas dans les vessies, qui ne contiennent pas de semblables matières[1].

  1. M. J. Duval-Jouve a constaté que les feuilles d’un verticille d’Aldrovandia et les ascidies d’une feuille d’Utricularia qui, tandis que les autres restent fraîches, prennent la coloration indice de leur mort prochaine, sont précisément celles qui contiennent les restes d’un animalcule. Ce fait et cet autre que les premières feuilles des Utricularia et des Aldrovandia sont dépourvues d’appareil de capture et que cependant les jeunes pousses ont un développement très-rapide, et enfin les observations de MM. Canby, Tait et Éd. Morren, avaient porté d’abord ce botaniste à penser que la capture, la sécrétion d’un liquide dissolvant et peut-être l’absorption ne constituaient point une fonction normale aboutissant à un résultat profitable, mais qu’au contraire la présence de l’insecte déterminait par irritation une sécrétion surabondante avec issue fatale à l’organe. (Revue des Sciences naturelles, V ; septembre 1876.) Mais M. J. Duval-Jouve s’est bientôt rappelé qu’un assez grand nombre d’organes, simples ou très-composés, périssent aussitôt après avoir rempli la fonction par laquelle ils concourent au