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BÉTAIL DES PARCS.

blanc avec les oreilles colorées, et cela dans les conditions les plus variées. Si on peut se fier aux vieux auteurs Boethius et Leslie[1], le bétail sauvage de l’Écosse était blanc et pourvu d’une forte crinière, mais la couleur des oreilles n’est pas indiquée. Une forêt primitive s’étendait autrefois à travers tout le pays depuis Chillingham à Hamilton, et sir Walter Scott regardait le bétail conservé dans ces deux parcs, aux deux extrémités de la forêt, comme un reste de ses habitants primitifs, ce qui nous paraît certainement très-probable. Dans le pays de Galles[2], au xe siècle, on a décrit le bétail comme étant blanc à oreilles rouges. Quatre cents têtes de bétail ainsi coloré furent envoyées au roi Jean, et un document ancien raconte le fait que cent têtes de bétail à oreilles rouges, ayant été exigées comme compensation pour une offense, il fut stipulé que si le bétail était de couleur foncée ou noire, on aurait à en livrer cent cinquante. Le bétail noir du pays de Galles paraît appartenir, comme nous l’avons vu, au petit type longifrons ; et comme l’alternative offerte était entre cent cinquante têtes de bétail foncé, ou cent têtes de bétail blanc à oreilles rouges, nous pouvons présumer que ces derniers étaient les plus grands, et appartenaient au type primigenius. Youatt a remarqué que actuellement, quand les individus de la race à courtes cornes sont blancs, ils ont les extrémités des oreilles plus ou moins teintées de rouge.

Le bétail redevenu sauvage dans les Pampas, le Texas, et dans deux parties de l’Afrique a repris un manteau d’un rouge-brun foncé presque uniforme[3]. Dans les îles Ladrones, sur l’océan Pacifique, d’immenses troupeaux, qui étaient sauvages en 1741, sont décrits comme d’un blanc de lait, à l’exception des oreilles qui sont généralement noires[4]. Les îles Falkland situées très au sud, et où les conditions extérieures sont aussi différentes que possible de celles des Ladrones, offrent un cas

  1. Boethius est né en 1470. Ann. and Mag. of nat. Hist., vol. II, 1839, p. 281 ; et vol. IV, 1819, p. 424.
  2. Youatt, On Cattle, 1834, p. 48. — p. 212 sur les courtes cornes. — Bell (British Quadrupeds., p. 423) constate qu’après une longue étude du sujet, il a trouvé que le bétail blanc a invariablement les oreilles colorées.
  3. Azara, Quadrup. du Paraguay, t. II, p. 361. Il cite Buffon pour le bétail marron africain. — Pour le Texas, voir Times, févr. 18, 1846.
  4. Voyage, d’Anson. — Voir Kerr et Porter, Collection, vol. XII, p. 103.