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BÊTES BOVINES.

plus intéressant. Il y a quatre-vingt ou quatre-vingt-dix ans que le bétail y est redevenu sauvage, et dans les parties méridionales, les animaux sont pour la plupart blancs, ayant les pieds, la tête, ou seulement les oreilles, noirs ; l’amiral Sulivan[1] à qui je dois ces informations, ne croit pas qu’ils soient jamais complètement blancs. Dans ces deux archipels, nous voyons donc le bétail tendre à devenir blanc avec les oreilles colorées. Dans d’autres parties des îles Falkland, on voit prévaloir d’autres couleurs ; près de Port-Pleasant le brun est la teinte commune ; autour de Mont-Osborne, dans quelques troupeaux la moitié des individus sont gris de plomb ou souris, teinte qui ailleurs est rare. Ces derniers quoique habitant généralement les lieux élevés, paraissent porter un mois plus tôt que les autres, circonstance qui contribue à les maintenir distincts et à perpétuer leur nuance particulière. Mentionnons en passant que des marques bleues ou plombées se sont quelquefois montrées sur le bétail blanc de Chillingham. Les couleurs des différents troupeaux sauvages dans les diverses régions des îles Falkland sont si nettement distinctes, que l’amiral Sulivan me dit qu’en leur faisant la chasse, on cherchait les taches blanches dans un district, et les taches foncées dans un autre. Dans les localités intermédiaires on rencontre des couleurs également intermédiaires. Quelle qu’en puisse être la cause, la tendance qu’offre le bétail sauvage des îles Falkland, lequel descend tout entier de quelques bœufs importés de la Plata, à se grouper en troupeaux de trois couleurs différentes, constitue un fait intéressant.

Pour en revenir aux races anglaises, chacun connaît les différences frappantes qui existent dans l’apparence générale, entre les courtes cornes, les longues cornes (maintenant rares), les Hereford, le bétail des Highlands, les Alderney, etc. Une grande partie de ces différences sont sans doute dues à la descendance d’espèces primitives distinctes ; mais nous pouvons être certains qu’il s’y est ajouté une quantité notable de variations. Déjà pendant la période néolithique, le bétail domestiqué n’était pas identique aux espèces indigènes. La plupart des races ont été plus récemment modifiées par une sélection métho-

  1. Voir aussi Mackinnon, Pamphlet on the Falkland islands, p. 24.