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LEURS VARIATIONS.

dique et attentive. On peut juger de la puissance de l’hérédité des caractères ainsi acquis, par les prix qu’ont pu atteindre les individus de races améliorées ; à la première vente des courtes cornes de Collins, onze taureaux ont été vendus à 214 livres en moyenne, et dernièrement des taureaux courtes cornes ont atteint le prix de 1,000 guinées, et ont été exportés dans toutes les parties du globe.

On peut signaler ici quelques différences constitutionnelles. Les courtes cornes sont beaucoup plus précoces que les races plus sauvages, telles que celles des Highlands et du pays de Galles. Ce fait a été démontré d’une manière intéressante par M. Simonds[1], dans un tableau où il donne la période moyenne de la dentition, et dans lequel on voit qu’il y a une différence de six mois dans le moment de l’apparition des incisives permanentes. D’après les observations de Tessier faites sur 1131 vaches, il peut y avoir entre la durée des plus courtes et des plus longues gestations une différence de quatre-vingt-un jours ; et ce qui est plus intéressant, M. Lefour assure que la période de gestation est plus longue dans les grandes races allemandes, que dans les plus petites[2]. Quant à l’époque de la conception, il paraît certain que les vaches d’Alderney et de Zélande conçoivent plus tôt que celles des autres races[3]. Enfin comme un des caractères génériques du genre Bos[4] est d’avoir quatre mamelles bien développées, nous devons remarquer que chez nos vaches domestiques les deux mamelles rudimentaires se développent souvent et donnent du lait.

Les races nombreuses ne se trouvant généralement que dans les pays depuis longtemps civilisés, il est bon de montrer que, dans quelques contrées habitées par des populations barbares, souvent en guerre et par suite ne communiquant que peu entre elles, il existe actuellement, ou a autrefois existé, plusieurs races distinctes de bétail. En 1720, Leguat a observé au cap de Bonne-Espérance trois races[5]. D’autres voyageurs ont remarqué depuis les différences de ces races du midi de

  1. The age of the Ox, Sheep, Pig, etc., par le prof. J. Simonds.
  2. Annales de l’Agriculture, France, avril 1837. (Je cite les observations de Tessier d’après Youatt, Cattle, p. 527).
  3. Veterinary, vol. viii, 681, et vol. X, p. 268. — Low, Domest. Anim. of G. Britain, p. 297.
  4. Ogleby, Proc. zool. Soc., 1836, p. 138, et 1840, p. 4.
  5. Leguat, Voyage, cité par Vasey, Delineations of the Ox tribe, p. 132.