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DESCRIPTION DES RACES.

j’en ai mesuré un qui avait 34 pouces 1/2 d’envergure, et 19 pouces du bout du bec à celui de la queue. Dans un Bizet sauvage des îles Shetland, les mesures correspondantes n’étaient que de 28 pouces 1/4 et 14 pouces 3/4. Les Grosses-gorges offrent un grand nombre de sous-variétés de couleurs diverses, mais dont il est inutile de nous occuper ici.

Sous-race II. — Grosse-gorge hollandais. — Il paraît être la forme souche des Grosses-gorges améliorés d’Angleterre. J’en ai eu une paire que je soupçonne cependant n’avoir pas été parfaitement pure. Ils sont plus petits que les Grosses-gorges anglais, et paraissent avoir leurs caractères spéciaux moins développés. Neumeister dit que leurs ailes se croisent au-dessus de la queue, mais sans en atteindre l’extrémité[1].

Sous-race III. — Grosse-gorge de Lille. — Je ne connais cette race que par description[2]. Elle se rapproche par sa forme générale du Grosse-gorge hollandais, mais son œsophage gonflé prend une forme sphérique, comme si l’oiseau avait avalé une grosse orange, arrêtée immédiatement au-dessous du bec. Cette boule insufflée est figurée comme s’élevant au niveau du sommet de la tête. Le doigt médian est seul emplumé.

MM. Boitard et Corbié décrivent une variété de cette sous-race appelée le Claquant, qui ne se gonfle que peu, mais a l’habitude caractéristique de frapper fortement ensemble ses ailes l’une contre l’autre, habitude que les Grosses-gorges anglais ont aussi, mais à un moindre degré.

Sous-race IV. — Grosse-gorge allemand ordinaire. — Je ne connais cet oiseau que d’après les figures et les descriptions qu’en donne l’exact Neumeister, un des rares auteurs sur les pigeons en lesquels on puisse avoir toute confiance. Cette sous-race paraît assez différente ; la partie supérieure de l’œsophage est beaucoup moins distendue, l’oiseau se tient moins relevé, les pieds ne sont pas emplumés, et les jambes et le bec sont plus courts. Il y a donc sous ces différents rapports un rapprochement vers la forme du Bizet commun. Les pennes caudales sont très-longues, et cependant les extrémités des ailes fermées dépassent le bout de la queue ; la longueur du corps, ainsi que l’envergure des ailes, sont plus grandes que dans la race anglaise.

GROUPE II.

Ce groupe renferme trois races évidemment voisines les unes des autres, et que nous désignons sous les noms de Messagers, Runts et Barbes. Il est vrai qu’il y a entre les Messagers et les Runts des passages si insensibles qu’on ne peut tirer entre ces deux sous-races qu’une ligne tout à fait arbitraire ; les Messagers passent aussi graduellement au Bizet par l’intermédiaire de quelques races étrangères. Cependant si on eût

  1. Das Ganze der Taubenzucht. Weimar, 1837 ; pl. 11 et 12.
  2. Boitard et Corbié : Les Pigeons, etc., p. 177, pl. 6.