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PIGEONS DOMESTIQUES.

Le Hinkel ou Florentiner-Taube de Neumeister (tab. xiii, fig. 4), s’accorde par tous les caractères signalés (il n’est pas parlé du bec) avec la description que je viens de donner ; Neumeister cependant dit expressément qu’il a le cou court, tandis que mon Scanderoon l’avait très-long et courbé. Le Pigeon Hinkel formerait donc une variété bien marquée.

Sous-race II. — Pigeon Cygne et Bagadais de Boitard et Corbié (Scanderoon des auteurs français). — J’ai gardé vivants deux de ces oiseaux venant de France. Ils différaient de la première sous-race ou du vrai Scanderoon par la plus grande longueur des ailes et de la queue, et par un bec plus court ; la peau dénudée que porte la tête était plus verruqueuse. La peau du cou est rouge, mais les places dénudées sur les ailes manquent. Un des oiseaux mesurait 38 pouces 1/2 d’envergure. En prenant pour terme de comparaison la longueur du corps, les deux ailes n’avaient pas moins de 5 pouces de plus en longueur que celles du Bizet. La queue était longue de 6 pouces 1/4, et dépassait donc de 2 pouces 1/4 celle du Scanderoon, oiseau à peu près de la même taille. Le bec est, relativement au corps de l’oiseau, plus long, plus épais et plus large que celui du Bizet. Les paupières, les narines et l’ouverture de la bouche sont, comme chez les Messagers, proportionnellement très-grandes. Le pied mesurait du bout du doigt postérieur à celui du médian, 2,85 de pouce, ce qui, relativement aux dimensions des deux oiseaux, excéderait de 0,32 de pouce la longueur de celui du Bizet.

Sous-race III. — Runts Espagnols et Romains. — Je ne suis pas sûr d’être bien fondé à classer ces Pigeons dans une sous-race distincte, mais cependant si nous prenons des oiseaux bien caractérisés, leur séparation est parfaitement justifiée. Ces oiseaux sont massifs et pesants, ils ont le cou, les jambes et le bec plus courts que les races précédentes. La peau des narines est turgescente, mais non caronculeuse ; le cercle de peau dénudée qui entoure les yeux n’est pas très-large et fort peu verruqueux ; j’ai même vu un de ces oiseaux (dit Runt espagnol) qui n’en avait presque pas. Des deux variétés qu’on peut voir en Angleterre, l’une, la plus rare, a les ailes et la queue très-longues, et s’accorde assez bien avec notre dernière sous-race ; l’autre, dont les ailes et la queue sont plus courtes, paraît être le Pigeon romain ordinaire de MM. Boitard et Corbié. Ces Runts sont sujets à un tremblement comme les Pigeons Paons. Ils volent mal. M. Gulliver[1] en a exposé un il y a quelques années, qui pesait 1 liv. 14 onc. ; et j’apprends par M. Tegetmeier que deux exemplaires du midi de la France qui ont été récemment exposés au Palais de Cristal, pesaient 2 livres 2 onces 1/2. Un beau Bizet des îles Shetland ne pesait que 14 onces 1/2.

Sous-race IV. — Tronfo d’Aldrovande (Runt de Livourne). — Dans l’ouvrage publié par Aldrovande en 1600, se trouve une grossière figure sur bois représentant un grand Pigeon italien, ayant la queue relevée, les jambes courtes, le corps massif et le bec gros et court. J’avais pensé d’abord que ce dernier caractère, si anomal dans le groupe, était le résultat d’une

  1. Poultry chronicle, vol. II, p. 573.