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DESCRIPTION DES RACES.

Bien qu’entre les Pigeons Paons communs et les variétés perfectionnées qui existent actuellement en Angleterre, il y ait de grandes différences dans la position et la grandeur de la queue, dans le port de la tête et du bec, dans les mouvements convulsifs du cou, dans la démarche et dans la largeur de la poitrine, toutes passent si insensiblement les unes aux autres qu’il est impossible d’en faire plus d’une sous-race. Une ancienne et excellente autorité, Moore[1], nous raconte qu’en 1735 il y avait deux sortes de Trembleurs à large queue, dont l’une avait le cou plus long et plus grêle que l’autre. J’apprends aussi par M. B.-P. Brent, qu’il existe en Allemagne un Pigeon Paon dont le bec est plus gros et plus court.

Sous-race II. — Pigeon Paon de Java. — J’ai reçu d’Amoy, en Chine, envoyée par M. Swinhoe, la peau d’un Pigeon Paon d’une race originaire de Java. Il différait par sa couleur de tous les Pigeons Paons européens, et son bec était remarquablement court. Il n’avait que 14 pennes caudales, mais M. Swinhoe en a compté de 18 à 24 sur d’autres individus de la même race. Il résulte d’une esquisse, qui m’a été envoyée, que dans cette race la queue n’est ni aussi étalée, ni aussi redressée qu’elle l’est même chez les Pigeons Paons européens de second ordre. L’oiseau agite son cou comme les nôtres. La glande graisseuse est bien développée. Comme nous le verrons plus loin, les Pigeons Paons étaient déjà connus dans l’Inde avant l’an 1600, et il est probable que nous devons voir dans les individus de Java un état ancien et moins amélioré de la race.

Race VI. — Pigeons à cravate. (Möven-Taube, Turbits et Owls.)
Plumes divergeant sur le devant du cou et du poitrail ; bec court, plutôt épais verticalement ; œsophage un peu agrandi.

Les Pigeons Turbits diffèrent légèrement des Pigeons Owls (hibou) par la présence d’une crête sur la tête, et par la courbure de leur bec, mais on peut cependant sans inconvénient les réunir dans le même groupe. Ces jolis oiseaux, dont quelques-uns sont fort petits, sont très-reconnaissables à une sorte de fraise qui se trouve sur le devant de leur cou, formée par une divergence irrégulière des plumes, analogue à celle qui s’observe, quoique à un moindre degré, sur la partie postérieure du cou du Jacobin. Cet oiseau a la singulière habitude d’enfler constamment, mais pour un instant, la partie supérieure de son œsophage, ce qui détermine un mouvement dans la fraise. L’œsophage d’un oiseau mort, insufflé, paraît plus grand et moins nettement séparé du jabot que dans les autres races. Le Grosse-gorge gonfle à la fois son jabot et son œsophage, le Turbit ne gonfle et à un degré bien moindre, que son œsophage. Le bec du Turbit est très-court, il a 0,28 de pouce de moins que celui du Bizet, relativement aux dimensions de son corps ; il s’est même trouvé encore plus court dans

  1. Voir les deux éditions publiées par M. Eaton, en 1852 et 1858. (Treatise on Fancy Pigeons.)