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DESCRIPTION DES RACES.

Pigeons Coquilles sont symétriquement colorés, ils ont la tête, les pennes primaires des ailes, la queue et les tectrices caudales de même couleur, rouge ou noire, et le reste du corps blanc. Depuis Aldrovande qui écrivait en 1600, cette race a conservé ses caractères. J’ai reçu de Madras des oiseaux presque semblables par leur coloration.

Sous-race IV. — Spots. (Die Bläss-Taube ; Pigeons Heurtés). — Très-peu plus grands que le Bizet, ces oiseaux ont un bec légèrement plus petit, mais des pieds décidément plus petits que le Bizet. La coloration est symétrique : ils ont une tache sur le front, les tectrices alaires et caudales d’une même couleur, le reste du corps étant blanc. Cette race existait en 1676[1] ; et en 1735 Moore a constaté qu’elle reproduisait déjà exactement son type comme cela est aujourd’hui le cas.

Sous-race v. — Hirondelles. — Ces oiseaux mesurés soit par leur envergure, soit de l’extrémité du bec à celle de la queue, sont plus grands que le Bizet, mais leur corps est moins massif, et leurs pattes plus petites. Le bec est de même longueur mais plus mince. Leur apparence générale est en somme assez différente de celle du Bizet. La tête et les ailes sont de même couleur, le reste du corps étant blanc. On dit qu’ils ont un vol particulier. La race paraît être récente, mais son origine est antérieure à 1795 en Allemagne, car elle est déjà décrite par Bechstein.

Outre les diverses races que nous venons de décrire, il a existé récemment en France et en Allemagne, quatre ou cinq sortes bien distinctes qui y existent peut-être encore. D’abord, le Pigeon Carme, que je n’ai point vu, mais qu’on décrit comme petit, ayant les jambes courtes, et un bec extrêmement court ; ensuite le Finnikin, qui est actuellement éteint en Angleterre. Ce Pigeon, d’après Moore (1735)[2], portait à la partie postérieure de sa tête une touffe de plumes descendant le long du dos, et simulant une crinière. « À l’époque des amours, il s’élève au-dessus de la femelle et tourne autour d’elle trois ou quatre fois en battant des ailes, puis il se retourne et en fait autant de l’autre côté. » Le Turner (tournant) d’autre part, « dans les mêmes circonstances, ne tourne que d’un côté. » Je ne sais si on peut se fier à toutes ces affirmations, mais après ce que nous avons vu à propos du Pigeon Culbutant de l’Inde, on peut croire à l’hérédité de quelque habitude que ce soit. MM. Boitard et Corbié ont décrit un Pigeon[3] qui a l’habitude de planer fort longtemps dans l’air sans battement d’ailes, comme les oiseaux de proie. Depuis le temps d’Aldrovande en 1600 jusqu’à ce jour, il y a une inextricable confusion dans les récits publiés sur une foule de Pigeons, remarquables par le mode de leur vol. M. Brent a vu en Allemagne une de ces races dont les plumes alaires étaient fortement endommagées par le choc constant des deux ailes pendant le vol, mais il ne l’a pas vue voler. Un ancien échantillon de Finnikin conservé empaillé au British Museum, ne présente pas de caractère particulier. On trouve dans quelques traités, la mention d’un Pigeon à queue fourchue, et comme

  1. Willoughby’s Ornithology, édit, par Ray.
  2. Édition de J.-M. Eaton, 1858, p. 98.
  3. Pigeon-pattu-Plongeur. Les Pigeons, etc., p. 165.